2022 restera une année spéciale car comme dans beaucoup d'endroits en France canicule et sécheresse ont frappé de plein fouet.

Est-ce un effet du réchauffement climatique? On est bien forcé de le croire car en 20 ans nous avons connu plus de sécheresses et de canicules que durant les 70 ans qui ont précédé. Entre Avril et septembre il est tombé 10 mm de pluie quand il en tombe 100 en moyenne dans cette même période et les températures sont rarement descendues au-dessous des 30°. Des collines couvertes d'oliviers sauvages arborent une couleur rousse d'automne depuis cet été: les feuillages ont séchés... Sur des oliviers sauvages, de mémoire de banyulenc, on n'avait jamais vu ça. C'est une peine et une souffrance pour nous que de voir la Nature souffrir ainsi car c'est d'elle que nous dépendons entièrement. 

La vigne n'a pas un feuillage persistant, lorsqu’elle souffre trop elle perd ses feuilles au cœur de la souche d'abord, puis progressivement vers le bout des sarments. La photosynthèse cesse, les pieds les plus faibles (jeunes et malades) meurent. Il y a donc une perte en volume de récolte: 12 hl de rendement à l'hectare cette année, mais également une mortalité accrue de pieds qui nécessitent des années de travail pour les remplacer. 

La qualité, bien sûr, est au rendez-vous. Les anciens disent bien que: "une année sèche entre toujours dans la cave", et bien sûr, pas de maladies ni de ravageurs pour détruire la vendange ou altérer sa qualité. Les vins seront donc beaux et puissants typiques de notre terroir.

Il nous a fallu aussi faire face à un nouveau problème: le manque de main d'œuvre saisonnière. C'est donc avec une équipe réduite que nous avons fait les vendanges et tout le monde a mis la main à la patte. Nous avons adapté notre rythme de travail en ne cueillant que le matin afin que Jean-Louis et un peu moi puissions aller vendanger avec l'équipe et vinifier l’après-midi. Merci à Jean-Marie (notre frère qui travaille au musée Maillol) d'avoir pris quelques congés pour venir nous aider! 

Merci aussi à celles et ceux qui étaient là, dans le meilleur état d'esprit qui soit et avec le sourire chaque matin.

Grâce à vous toutes et tous, cette vendange difficile a été un beau moment partagé. MERCI.

C'est l'heure de reprendre la route, d'aller en salon et nous espérons vous retrouver nombreux à Lyon, Reims, Lille, Macôn et Paris.

À Banyuls la boutique restera ouverte jusqu’à la fin des vacances de la Toussaint et la cave toute l'année.

Nous allons maintenant soutirer la nouvelle récolte, mettre en bouteille, tailler les vignes et ainsi va la vie à la vigne, un cycle finit, un autre commence.

A bientôt les amis!

Lettre hiver 2022

Ha mes amis si vous pouviez sentir les mimosas ! Ici le mimosas pousse partout, pousse vite puis casse sous les bourrasques de la tramontane. En ce moment ils se couvrent de jaune et dégagent un parfum enchanteur. Au soleil, à l’abri du vent on peut griller la saucisse sur les sarments toute l’année mais ce n’est pas la pause pour autant : la taille, le désherbage, les plantations… Sont les durs travaux d’hiver dans les vignes qui nous occupent et le beau temps nous presse car la végétation s’éveille déjà!

Puis il y a la cave avec les mises en bouteilles, les assemblages, les soutirages… La préparation des salons, la réouverture de la boutique.... On s’amuse parfois de l’innocence des citadins qui croient qu’en hiver on attend que ça pousse sans rien faireJ !

Jean-Louis passe ses journées à la vigne et moi à la cave ou au bureau, chaque soir on consulte ensemble la méteo pour décider de ce qu’on fera le lendemain.

Le 1^er mars nous ré-ouvrons la boutique, puis Jean-Louis part au salon de Bordeaux du 11 au 13 mars, moi au Danemark animer des dégustations puis à Strasbourg les 25-28 mars et ce sera avril à Toul du 8 au 10.

C’est un grand plaisir que de pouvoir vous retrouver lors des salons, de revoir les amis et les lieux visités mille fois auquel on c’est attachés, bientôt la fin des masques et l’on verra à nouveaux les sourires enfin…

D’autres épreuves se profilent bien sûr, mais partout où il y a du bon vin, un peu de pain et des amis autour d’une table il y a de l’espoir et ca fait 2000 ans que ça dure !

LETTRE AUTOMNE 2021

Les chais ont retrouvé leur silence habituel. Dans le calme et la pénombre les vins nouveaux s’éclaircissent lentement. Après le tumulte des vendanges, après l’ivresse de la fête des vendanges les feuilles roussissent déjà… L’été est achevé, les raisins récoltés, c’est pour nous la fin d’un cycle et l’heure de la question fatidique : la récolte a-t-elle été bonne?

La réponse est : non! Mais on s’en sort bien quand même...

Si vous vouliez demander si le vin sera bon, disons-le simplement : oui, il sera très bon ! Nous avons échappé au gel et il a plu littéralement jusqu’à 100 fois moins ici que dans la plupart des régions de France. Les raisins étaient magnifiques et en parfait état. Les « degrés » (autrement dit la maturité) fut un peu plus tardive ce qui a permis de bénéficier d’une jolie fraîcheur pour le blanc et des degrés alcooliques contenus : le rosé ne fera que 12° cette année ! Quant aux rouges, ils sont d’une jolie concentration et d’une très belle expression aromatique de fruits noirs et rouges si typique pour les Collioure et Banyuls Rimage.

De quoi se plaint-on alors ??? Des volumes ! La floraison a été gênée par de mauvaises conditions météo, en conséquence nombre de fleurs ont avortés et les grains de raisin sur la grappe étaient espacés au lieu d’être serrés. Puis la sécheresse, effet du réchauffement climatique sûrement car c’est une tendance lourde de ces 20 dernières années, elle n’a pas permis à ces grains éparts de gonfler, de se gorger d’eau comme ils auraient dû le faire ors le vin c’est avant tout de l’eau ! On ne peut se réjouir d’une récolte de 30 à 40 % moins volumineuse que ce qu’elle aurait pu être. Malgré tout, on ne se plaint pas, on pense à nos collègues qui ont subi le gel au printemps puis la pluie tout l’été et qui ont du mal à rentrer quelques raisins au point de ne pas aller récolter certaines parcelles.

C’est le moment aussi où l’on fait des cartons comme d’autres feraient leur valise : on prépare les salons qui arrivent à grand pas ! Quels vins emmener, en quelle quantité ?... Ne rien oublier, trouver un logement, un billet de train… Serez-vous présents à ces salons comme avant ?... Beaucoup de questions et un peu de fébrilité dans la préparation mais surtout la joie à l’idée de retrouver les amis et de partager notre passion.

Au vignoble c’est un peu la pause. Depuis le passage de la « colle » (l’équipe des vendangeurs en catalan) c’est le calme. Les feuilles changent de couleur et les herbes folles se croient tout permis ; il sera bientôt temps de retourner à la vigne pour commencer la taille et soigner les jeunes plants. Jusqu’à Noël on va alterner travaux d’hiver et salons puis viendra le temps de mettre en bouteille le blanc et le rosé 2021 déjà !... Ici, les millésimes des vins et les enfants qui grandissent donnent la mesure du temps qui passe ! Et il passe vite…

Passez un bel automne, préparez les fêtes en achetant du bon vin, je vous écrirais dans l’hiver car à Banyuls le sol ne gèle pas et les vignerons n’hibernent pas.

Lettre été 2021

L’hiver a été rude, le printemps sans pitié et l’été s’annonce brûlant !...

Dura lex, sed lex. La loi est dure mais c’est la loi. Et cette loi, c’est la loi implacable de la Nature. Celle qui se rappelle à nous, celle qui nous remet à notre place de poussières quand on a l’arrogance de se croire au dessus de tout et maître de tout.

Nous, paysans spécialistes de la vigne et du vin, sommes proches de ce principe fondamental qui chaque année remet tout à plat. Nos récoltes dépendent le la Nature et de ce qu’elle veut bien nous donner ou nous laisser. D’une année à l’autre les quantités récoltées varient facilement du simple au double. La fermentation aussi est un don de la Nature et non pas une invention car les ferments existaient bien avant les hommes ! Même l’élevage du vin est soumis à milles paramètres naturels d’un environnement microbien à l’équilibre délicat avec lequel nous sommes obligés de composer.

Ça oblige a une certaine humilité car rien n’est stable, rien n’est acquis... Tout est donné et parfois repris.

Heureusement nous avons été épargnés par l’épisode de gel qui a touché nos amis et collègues jusqu’à Argelès. Banyuls/Collioure est un terroir légèrement plus chaud en hiver et plus frais en été que la côte sableuse et la plaine du Roussillon plus au nord. Mais il s’en est fallu de peu, de petites traces dues au gel sont apparues un matin sur les parcelles les plus hautes. Sans conséquences pour notre récolte heureusement mais je pense à nos collègues qui ont perdu la totalité de leur récolte…

Les vignes ont déployé leur voilure de verdure, la floraison est vite passée et voilà déjà l’été qui s’annonce avec les premières journées à plus de 30°.

On a planté et greffé en début de printemps, Jean-Louis a tourné une vidéo sympa avec la mairie sur la technique du greffage sur pied que peu de vignerons pratiquent encore (lien ici). Ces jeunes plants n’ont pas de racines profondes pour aller chercher la fraîcheur et l’humidité, il nous faut donc les arroser sous peine de les voir mourir de soif. Tôt le matin, à la pointe du jour, on porte les cuves d’eau pour donner environ un litre d’eau à chaque plant tous les 10 jours en moyenne en fonction de la température et de l’humidité. On en profite pour arracher quelques herbes folles qui poussent à l’ombre des petits plants pour leur voler eau et nutriments. Si on rêvassait en laissant faire la nature: on ne récolterait rien !

On se console en se disant qu’avec ce temps chaud et sec les maladies du feuillage comme le mildiou et l’oïdium nous laissent tranquille et on prépare la saison touristique ar vous êtes nombreux à venir nous visiter. C’est un honneur pour nous et on s’applique à vous recevoir comme il se doit !

Mes neveux Pierre-Emmanuel et Sylvain (les fils de Jean-Louis) vont nous aider cet été à la boutique. Ils seront rejoints par mon fils Charles (16 ans cette année... déjà !) et on recrute un ou une vendeuse pour septembre car les enfants seront à l’école ou à la fac et nous dans la cave.

Pierre-Emmanuel est déjà à pied d’œuvre et on a finalisé ensemble le programme des concerts. Tous les vendredi soir à la boutique c’est apéro-concert avec de vrais artistes amateurs ou professionnels qu’on a sélectionnés pour la qualité et l’originalité de leur travail. On a hâte de vous retrouver lors de ces soirées !

Jean-Louis et moi faisons le tour du vignoble à pied régulièrement pour surveiller l’état sanitaire et spéculer sur la récolte. Partout on voit des traces de sangliers. Eux aussi préparent la saison, ils rêvent déjà des raisins qui vont les désaltérer bientôt!... Et moi je rêve de civets…

Il y a déjà quelques mois que j’écrivais la première chronique de la vie au Domaine. Le temps file, la nature n’est pas suspendue à nos petites vies et nos emplois du temps n’ont jamais désemplis. Heureusement, jusqu’à présent, la famille a été épargnée par le virus. Peut-être parce qu’on boit du Banyuls ?...

Je vous écrirais à l’automne pour vous parler des vendanges, de la grillade sur le feu de sarments et des salons peut-être… En attendant, profitez de l’été, des retrouvailles, des bains de mer, du temps passé avec les enfants, les amis, des caves fraîches et des soirées d’été… Soyons épicuriens, faisons le plein d’énergie dans cet interlude qui nous est offert.

La Nature nous impose sa loi mais impudique elle nous offre sa beauté à chaque instant. Passez un bel été où que vous soyez et venez nous voir si vous passez dans le coin ;-)

A bientôt.

Michel

Lettre Hiver 2021

Comme les jours de taille sont parfois longs même si les journées d'hivers sont courte!... La tramontane, un peu de pluie et même quelques flocons associés à des températures bien froides nous malmènent dans les vignes.

Heureusement, la nature nous offre un spectacle de tous les instants et à chaque heure son style: dans la journée, les couleurs vives, les ciels purs, les feuilles argentés qui font onduler les collines et le soir c'est l'embrasement du ciel, des roches et de la mer, notre côte Vermeille mérite alors bien son nom !

A la cave on n'est pas inactif non plus: des vins sont soutirés, d'autres mis en bouteilles... La température baisse lentement dans les chais. La fraîcheur a du bon pour le vin: il s'éclaircit mieux, se stabilise naturellement. La nature est bien faite.

A aucun instant, malgré les circonstances exceptionnelles de ces derniers mois, la vie de la cave ou les travaux des vignes ne se sont arrêtés! Car ici la nature donne le tempo et elle se moque bien de ce qui agite les hommes.

Au dehors il en va bien autrement et l'épreuve que nous traversons tous fait sentir ses effets sur notre petit domaine comme partout. La petite route qui passe par la cave et mène chez nos cousins de Catalogne sud en Espagne a été fermée au col de Banyuls et voilà bientôt un an que nous ne sommes pas allé à votre rencontre dans un salon de vin ou de terroir!

Heureusement rester à distance ne signifie pas être séparés et si nous ne pouvons plus venir, vous pouvez faire venir Banyuls à vous! Aussi, nous avons décidé de continuer à offrir les frais de transports jusqu'à la reprise des salons.

Sur nos pages Facebook et Instagram vous pouvez aussi nous suivre et nous faire connaître à vos amis !

La cuvée Arrels 2017 est épuisée, vive le millésime 2018! Enfin mis en bouteille et disponible dans notre boutique en ligne.

En attendant de vous retrouver, prenez soin de vous.

Bien amicalement.

Michel Berta-Maillol